Contexte de la RE2020
La Réglementation Environnementale 2020, ou RE2020, est un cadre législatif mis en place par le gouvernement français pour réguler l'impact environnemental des bâtiments neufs.
Entrée en vigueur en 2022, elle
remplace la Réglementation Thermique 2012 (RT2012), en étendant les exigences à des critères environnementaux, notamment les émissions de carbone liées aux matériaux de construction. La RE2020 marque une avancée majeure dans la transition écologique du secteur du bâtiment, en intégrant
des objectifs ambitieux en matière de performance énergétique, de confort thermique et de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
La RE2020 s'inscrit dans une démarche globale de lutte contre le réchauffement climatique, qui place le secteur du bâtiment au cœur des enjeux. En France, le secteur du bâtiment représente environ
45 % de la consommation énergétique nationale et
25 % des émissions de gaz à effet de serre. Face à cette réalité, la nécessité de réduire l'empreinte carbone des constructions et d'améliorer leur efficacité énergétique est devenue une priorité pour atteindre les objectifs fixés par les accords internationaux, comme l'Accord de Paris, et par les engagements nationaux en matière de transition écologique.
Apparition et mise en place de la RE2020
La mise en place de la RE2020 s'est déroulée en plusieurs étapes clés. Annoncée initialement pour entrer en vigueur en 2020, son application a été retardée en raison de la pandémie de COVID-19 et des ajustements nécessaires pour répondre aux exigences des acteurs du bâtiment. Finalement, la réglementation est
entrée en vigueur le 1er janvier 2022 pour les bâtiments résidentiels neufs, marquant le début de son application progressive.
À partir du 1er juillet 2022, la RE2020 s'est étendue aux bâtiments tertiaires (bureaux, bâtiments publics, etc.) et aux écoles, avec des critères adaptés à leurs spécificités. La mise en place de
seuils de plus en plus stricts est prévue jusqu'en 2031 pour permettre une transition progressive vers des standards plus exigeants en matière de réduction des émissions de carbone et de consommation énergétique.
Il s'agit donc d'une réglementation évolutive permettant de s'adapter progressivement et d'atteindre des niveaux d'exigences élevés, nécessaires pour répondre aux préoccupations environnementales actuelles.
Ces étapes illustrent bien la volonté des autorités d'
accompagner le secteur de la construction vers une transition écologique, tout en laissant le temps aux acteurs d'adapter leurs méthodes et matériaux aux nouvelles exigences. La montée en puissance progressive de la RE2020 permet ainsi de préparer durablement le secteur aux défis environnementaux à venir.
RT2012 vs RE2020, une révolution ?
La RE2020 se distingue des précédentes réglementations thermiques, comme la RT2012, par
une approche plus complète et exigeante, intégrant de nouveaux critères pour répondre aux enjeux écologiques actuels.
Tandis que la RT2012 se concentrait principalement sur l'efficacité énergétique des bâtiments, la RE2020 élargit son champ d'action en intégrant des objectifs de réduction des émissions de carbone et de confort d'été, offrant ainsi une vision plus durable et globale de la construction.
La RE2020 impose des seuils de consommation énergétique encore plus stricts que ceux de la RT2012, encourageant l'utilisation de
sources d'énergie renouvelables et la limitation des énergies fossiles. Cette avancée vise à diminuer la dépendance énergétique des bâtiments neufs, avec un objectif clair de neutralité carbone à long terme. Par exemple, la RE2020 introduit l'indicateur Cep nr, qui évalue la part d'énergies non renouvelables dans la consommation énergétique totale du bâtiment, ce qui n'était pas pris en compte par la RT2012.
Il est important de préciser que l'installation d'une chaudière gaz à condensation est toujours possible en respectant le cadre réglementaire de la RE2020. Toutefois, ce système de production de chauffage et/ou d'ECS doit impérativement être
couplé à une énergie renouvelable. Par exemple, la chaudière gaz pourra venir en relève d'une pompe à chaleur air-eau pour garantir une production efficace par tout temps.
Il existe deux autres points de divergence entre RE2020 et RT2012. Le premier concerne l'usage de
matériaux de construction à faible empreinte carbone en mesurant leur impact tout au long de leur cycle de vie depuis la production jusqu'au recyclage. Cela ouvre ainsi à l'usage de matériaux biosourcés. C'est un réel bond en avant qu'impose la RE2020 avec l'emploi de ce type de matériaux plus respectueux de l'environnement.
Le second point concerne la prise en compte du
confort en été. Si pendant des années, le focus du confort thermique ciblait le confort hivernal pour vivre dans un intérieur chaud, le réchauffement climatique chamboule tout et pousse les acteurs du bâtiment à penser aussi au confort face aux vagues de chaleur à répétition.
En bref, la RE2020 va bien au-delà de la RT2012 en intégrant des exigences écologiques et de confort renforcées, visant à construire des bâtiments qui allient performance énergétique, faible impact environnemental, et bien-être des occupants.
La RE2020, ses 3 objectifs principaux
Comme cité précédemment, la RE2020 se distingue fortement de la RT2012 par 3 axes majeurs dont nous allons détailler.
Réduction de la consommation énergétique
Un des premiers objectifs de la RE2020 est de réduire significativement la consommation d'énergie des bâtiments neufs. La réglementation impose des limites strictes de consommation d'énergie primaire, encourageant l'utilisation de sources d'énergie renouvelable. En minimisant les besoins énergétiques, la RE2020 vise une autonomie énergétique accrue des bâtiments et une diminution de leur dépendance aux énergies fossiles.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, la réglementation met en place des exigences renforcées à plusieurs niveaux :
-
Une isolation thermique renforcée :
Les bâtiments doivent être mieux isolés pour limiter les déperditions de chaleur en hiver et les gains de chaleur en été. Cela se traduit par des épaisseurs d'isolant plus importantes et des matériaux plus performants. En moyenne, ce sont désormais 300 mm d'isolant qui sont imposés afin d'atteindre un coefficient d'isolation thermique U=0,16. Pour rappel, la RT2012 préconisait une épaisseur ne dépassant pas les 100 mm.
-
Systèmes de chauffage et de production d'eau chaude sanitaire performants :
Les équipements de chauffage doivent être plus efficaces et doivent
privilégier les énergies renouvelables (pompes à chaleur, chaudières à bois, etc.). La production d'eau chaude sanitaire doit également être optimisée. Un appareil utilisant une énergie renouvelable est indispensable pour entrer dans le cadre réglementaire de la RE2020.
-
Enfin, une ventilation efficace doit toujours être pensée dans le bâtiment comme le prévoyait déjà la RT2012. La VMC double flux étant l'équipement à privilégier.
Limitation des émissions de carbone
Pour la première fois, la réglementation prend en compte les émissions de carbone sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment,
depuis les matériaux de construction jusqu'à leur démolition. Cette approche "bas carbone" impose des seuils de CO2 selon les types de bâtiments, incitant à choisir des matériaux moins polluants et à privilégier des méthodes de construction durables.
Des études prouvent qu'entre 60 et 90 % de l'empreinte carbone globale d'un bâtiment est liée à sa construction et sa démolition.
En outre, pour parvenir à cette réduction d'impact carbone, le monde de la construction est contraint de s'adapter en ayant recours à
des matériaux biosourcés, c'est-à-dire issus de matières organiques renouvelables d'origine végétale ou animale. On peut ainsi citer le bois, le chanvre, le liège ou encore la laine de mouton.
Amélioration du confort thermique
La RE2020 introduit également des critères de confort d'été, afin de protéger les occupants contre les vagues de chaleur. Elle impose notamment des limites de température intérieure en été, favorisant ainsi la conception de bâtiments naturellement ventilés et bien isolés. Ces exigences visent à garantir un confort optimal tout en
réduisant la nécessité de climatisation, souvent énergivore. Ce dernier axe vaut alors l'apparition d'un nouvel
indicateur DH qui mesure le nombre de Degrés-Heures d'inconfort en période chaude.
Les indicateurs et les seuils imposés par la réglementation
La RE2020 fixe des seuils d'exigence en matière de consommation énergétique et d'émissions de carbone, adaptés à chaque type de bâtiment pour atteindre progressivement une construction plus durable. Ces seuils sont calculés en fonction des caractéristiques des bâtiments, résidentiels ou tertiaires, et augmentent en exigence au fil des années pour accompagner le secteur vers une réduction progressive de son empreinte écologique.
Seuils d'exigence carbone
La grande nouveauté de la RE2020 est l'introduction de seuils carbone, ou " IC " (Indicateurs Carbone), qui mesurent les émissions de CO2 produites lors de la construction et de l'exploitation d'un bâtiment.
L'IC énergie quantifie l'impact carbone cumulé des consommations énergétiques d'un bâtiment sur
une période de 50 ans. Il est obtenu en appliquant une méthode d'analyse du cycle de vie dynamique aux consommations d'énergie finale du bâtiment, pondérées par les facteurs d'émission associés et actualisées à l'aide d'un coefficient de 0,79.
Ces seuils varient en fonction de la nature des bâtiments, avec des valeurs strictes pour les constructions neuves. Dès 2022 le seuil pour les maisons individuelles est fixé à 4kgCO2/m²/an contre 14kgCO2/m²/an pour les logements collectifs, abaissé progressivement à 6,5kgCO2/m²/an dès 2028.
L'IC construction quantifie quant à lui l'impact carbone cumulé des matériaux et équipements d'un bâtiment sur une période de 50 ans. Il est obtenu en additionnant les impacts climatiques de chaque composant, calculés à partir des données environnementales issues de la base INIES. L'application d'une méthode d'analyse du cycle de vie dynamique permet de prendre en compte l'évolution des émissions dans le temps et d'intégrer les impacts liés aux fluides frigorigènes et aux énergies consommées pendant la phase chantier.
Ici, les seuils sont modulés selon différents facteurs comme l'environnement géographique, l'impact des fondations ou encore la surface des combles.
Seuils de consommation énergétique
En complément des seuils carbone, la RE2020 impose également des exigences strictes en matière de consommation énergétique globale des bâtiments, exprimée par les indicateurs suivants :
-
Bbio (Besoin Bioclimatique).
Le coefficient Bbio mesure le besoin énergétique d'un bâtiment pour maintenir un confort thermique, indépendamment de son système de chauffage ou de refroidissement. Il dépend de la conception architecturale et de la qualité de l'enveloppe du bâtiment. Calculé en fonction des besoins en chauffage, refroidissement et éclairage, le Bbio est limité à 63 points pour les maisons individuelles et 65 pour les logements collectifs. Ces seuils sont ajustés en fonction de la localisation et des caractéristiques du bâtiment. Il est obtenu grâce à la fonction suivante :
-
Bbio = 2 x besoin en chauffage + 2 x besoin en refroidissement + 5 x besoin en éclairage
-
Cep (Consommation d'Énergie Primaire).
Le Cep mesure la consommation totale d'énergie primaire d'un bâtiment, en tenant compte de tous ses usages, y compris les déplacements internes, l'éclairage des parties communes et, le cas échéant, la climatisation. La RE2020 fixe des seuils maximums de Cep également modulés mais fixés à 75 kWhep/m²/an en maison individuelle et 85 kWhep/m²/an en logement collectif. Cet indicateur sert à limiter la part des énergies renouvelables non comptabilisées dans un autre indicateur.
-
Cep nr (Consommation d'Énergie Primaire non renouvelable).
Le Cep nr mesure la consommation d'énergie non renouvelable d'un bâtiment, c'est-à-dire l'énergie provenant de sources fossiles. Il est calculé de manière similaire au Cep, mais en excluant les énergies renouvelables. Les valeurs maximales de Cep nr sont plus strictes que celles du Cep et varient selon le type de bâtiment. Cet indicateur vise à limiter l'utilisation des énergies fossiles et à favoriser les énergies renouvelables. Les seuils fixés sont de 55 kWhep/m²/an en maison individuelle et 70 kWhep/m²/an en logement collectif.
Les Degrés-Heures, un nouvel indicateur
Le calcul des Degrés-Heures (DH) permet de
quantifier l'inconfort thermique estival dans un bâtiment. Il est basé sur la somme des écarts entre la température intérieure et la température de confort adaptatif, définie en fonction de la période de l'année et des conditions climatiques extérieures.
La RE2020 impose des seuils maximaux de DH, modulés en fonction de la zone climatique et du type de bâtiment. Ces seuils sont utilisés pour calculer un forfait de climatisation qui s'ajoute aux consommations d'énergie du bâtiment.
Le calcul de cet indicateur s'effectue grâce à la formule suivante : DH = ? h x (Tint ressentie –T confort adaptatif) où T correspond au confort adaptatif fixé à 26°C la nuit dans les bâtiments à usage d'habitation et de 26 à 28°C en fonction des températures extérieures des jours précédents. Le calcul s'établit sur la base des données de la canicule de 2003.
La valeur maximale autorisée est de
1250 DH, ce qui correspond à une période prolongée de chaleur excessive dans le logement. Pour les bâtiments situés dans des régions particulièrement chaudes et équipés de systèmes de climatisation, ce seuil peut être relevé jusqu'à 2600 DH.
En dessous de 350 DH, le bâtiment est considéré comme suffisamment confortable en été. Pour les bâtiments non climatisés dont le nombre de Degrés-Heures se situe entre 350 et 1250 DH, une pénalité est appliquée pour simuler les consommations d'un système de climatisation. Cette pénalité est calculée en fonction de la durée et de l'intensité de l'inconfort, ainsi que de la localisation géographique du bâtiment.