Publié le 02/07/2025 - Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action
Pourquoi les entreprises du bâtiment sont-elles de plus en plus ciblées ?
La cybersécurité n’est plus l’affaire des seules grandes entreprises ou des secteurs technologiques. Le secteur du BTP s’est
fortement digitalisé : gestion de chantier en ligne, signature électronique de devis, logiciels métiers, stockage de documents dans le cloud, objets connectés… Ces outils offrent un gain de temps et d’efficacité, mais ils ouvrent aussi des portes d’entrée pour les attaques informatiques.
Beaucoup d’entreprises du bâtiment ne disposent pas de services informatiques dédiés. La cybersécurité repose donc sur quelques bonnes pratiques, quand elles existent. Dans les faits, de nombreux professionnels utilisent des mots de passe faibles, ne mettent pas à jour leurs logiciels, ou ignorent les bases de la sécurité numérique. Pour un hacker, ce sont autant de failles faciles à exploiter.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les données détenues par une entreprise du bâtiment
ont une réelle valeur :
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Devis, factures, bons de commande,
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Informations personnelles sur les clients ou sous-traitants,
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Coordonnées bancaires,
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Plans et données techniques confidentielles.
Ces données peuvent être revendues, utilisées pour des escroqueries, ou faire l’objet d’un chantage (rançongiciels).
Des exemples concrets, de plus en plus fréquents
Plusieurs entreprises du bâtiment ont récemment été victimes
d’arnaques par e-mail, de piratages de comptes professionnels ou de blocages de leur système de facturation. Le plus souvent, ces attaques causent des retards de chantier, une perte de données critiques, voire une atteinte à la réputation de l’entreprise.
Les menaces les plus courantes : comprendre pour mieux se protéger
Connaître les types d’attaques les plus fréquents permet de mieux les anticiper. Dans le secteur du bâtiment, les cybercriminels misent souvent sur la simplicité : des pièges faciles à mettre en place, mais redoutablement efficaces.
Le phishing (ou hameçonnage)
C’est l’une des attaques les plus répandues. Vous recevez un e-mail qui semble provenir d’un fournisseur, d’un client ou d’un service connu (impôts, banque, URSSAF…). Il contient
un lien ou une pièce jointe malveillante. En cliquant, vous risquez :
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de divulguer vos identifiants professionnels,
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d’installer un virus sur votre ordinateur,
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ou d’être redirigé vers un faux site conçu pour vous voler des informations.
Exemple courant : un faux mail de livraison de matériel demandant un acompte urgent.
Les rançongiciels (ransomwares)
Ce type de logiciel bloque l’accès à vos données ou à votre système informatique, puis vous réclame une rançon pour les débloquer. Les rançongiciels peuvent paralyser toute une entreprise pendant plusieurs jours, voire semaines.
Dans le bâtiment, cela peut entraîner :
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l’impossibilité d’accéder aux plans ou aux devis,
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la perte des fichiers clients,
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une suspension brutale de l’activité sur un chantier.
Les vols d’identifiants et usurpations d’identité
En se procurant vos identifiants (souvent à cause d’un mot de passe trop simple ou réutilisé), un pirate peut accéder à vos boîtes mail, plateformes collaboratives, ou outils de gestion. Il peut ensuite :
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détourner des paiements,
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envoyer de faux ordres de virement,
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ou soutirer de l’argent à vos contacts en se faisant passer pour vous.
Les failles humaines : première cause d’incidents
La technologie n’est pas toujours en cause : dans 80 % des cas, la faille vient d’une erreur humaine. Cela peut être :
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un clic imprudent sur un lien piégé,
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le partage d’un mot de passe entre collègues,
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une mauvaise configuration d’un outil numérique.
Former les équipes et sensibiliser régulièrement aux bonnes pratiques est donc indispensable.
Les conséquences pour une entreprise : au-delà du piratage, un risque pour l’activité
Une cyberattaque n’est jamais anodine. Pour une entreprise du bâtiment, les conséquences peuvent être lourdes, aussi bien sur le plan opérationnel qu’économique et juridique.
Perte de données critiques
Les données perdues ou chiffrées (par un rançongiciel, par exemple) peuvent être essentielles à la continuité de vos chantiers :
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plans de construction,
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fichiers clients ou fournisseurs,
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échéanciers, devis, contrats signés…
Sans sauvegarde préalable, ces informations peuvent être
irrécupérables, avec des conséquences directes sur vos engagements contractuels.
Interruption ou ralentissement de l’activité
Un piratage peut mettre à l’arrêt tout votre système informatique :
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retard de facturation,
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blocage des échanges avec les sous-traitants,
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impossibilité d’accéder aux outils de gestion de chantier…
Un chantier stoppé, c’est du temps perdu, des pénalités éventuelles, et parfois la rupture d’un contrat.
Atteinte à la réputation
Un client apprend que ses données ont été exposées ou volées ? Même si l’incident est maîtrisé, la confiance peut être sérieusement ébranlée. Cela peut
nuire à votre image de marque, surtout dans un secteur où les recommandations et la réputation jouent un rôle clé.
Risques juridiques et réglementaires
Depuis l’entrée en vigueur du
RGPD (Règlement général sur la protection des données), toute entreprise est responsable des données personnelles qu’elle détient. En cas de fuite ou de négligence :
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vous devez prévenir la CNIL et les personnes concernées,
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vous pouvez faire face à des amendes,
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votre responsabilité contractuelle peut être engagée si les données concernées appartiennent à des tiers.
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Mettre en place une vraie politique de cybersécurité : les bases à connaître
La cybersécurité n’est pas réservée aux grandes entreprises ou aux experts en informatique. Même une petite structure du bâtiment peut mettre en place des actions simples, efficaces et peu coûteuses pour réduire les risques.
Commencez par dresser un inventaire :
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Quels fichiers contiennent des informations stratégiques ou personnelles ?
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Où sont-ils stockés ? (ordinateur local, cloud, clé USB…)
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Qui y a accès ?
Ce diagnostic vous permet de prioriser les actions à mener et de mieux contrôler les accès.
Former les équipes, même les non-technophiles
La meilleure protection reste l’humain, s’il est bien formé. Chaque collaborateur doit comprendre :
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ce qu’est un e-mail suspect,
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pourquoi il ne faut jamais réutiliser un mot de passe,
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comment sécuriser son poste de travail.
Des sessions de sensibilisation simples, avec des exemples concrets, suffisent souvent à éviter les erreurs les plus courantes.
Sécuriser les accès et les mots de passe
Quelques bonnes pratiques à appliquer immédiatement :
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Utiliser des mots de passe complexes, uniques pour chaque service.
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Changer régulièrement ces mots de passe.
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Activer la double authentification (2FA) quand c’est possible.
Exemple : un mot de passe comme « Chantier2024!Btp » est bien plus sûr que « entreprise123 ». Et un gestionnaire de mots de passe peut simplifier la vie au quotidien.
Mettre à jour régulièrement logiciels et systèmes
Les mises à jour corrigent souvent des failles de sécurité. En les repoussant, vous laissez une porte ouverte aux pirates. Cela concerne :
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les systèmes d’exploitation (Windows, macOS…),
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les logiciels métiers,
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les antivirus,
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les navigateurs internet.
Planifiez ces mises à jour ou activez-les automatiquement pour ne pas les oublier.
Sauvegarder les données de manière sécurisée
Une bonne politique de sauvegarde repose sur trois principes :
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Multiplicité : faites plusieurs copies de vos données (sur un disque dur externe, un cloud sécurisé…).
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Régularité : programmez des sauvegardes automatiques, au moins hebdomadaires.
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Séparation : évitez de sauvegarder sur le même système que vos données principales (sinon une attaque les affectera toutes).
S’équiper avec les bons outils : un investissement rentable
Face aux cybermenaces, les bons outils peuvent faire toute la différence. Pas besoin d’un service informatique interne pour sécuriser efficacement son entreprise : il existe des solutions accessibles, faciles à mettre en place et souvent très abordables.
Un antivirus professionnel et un pare-feu à jour
Les versions gratuites des antivirus grand public offrent
une protection limitée. Pour un usage professionnel, investissez dans un antivirus fiable, capable de détecter :
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les fichiers infectés,
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les comportements suspects,
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les tentatives d’intrusion.
Un pare-feu actif complète cette protection en filtrant les connexions entrantes et sortantes de votre réseau.
Un VPN pour sécuriser les connexions à distance
Le VPN (réseau privé virtuel) crée un tunnel sécurisé entre votre appareil et Internet. Il est particulièrement utile lorsque :
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vous travaillez depuis un chantier ou en déplacement,
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vous accédez à distance à votre serveur d’entreprise,
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vous utilisez un Wi-Fi public (hôtel, restaurant…).
Cela évite que
vos données soient interceptées ou surveillées.
Un gestionnaire de mots de passe
Trop d’utilisateurs réutilisent les mêmes mots de passe par souci de simplicité. Un gestionnaire de mots de passe permet :
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de générer des mots de passe forts et uniques,
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de les stocker de façon sécurisée,
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d’y accéder facilement depuis n’importe quel appareil.
Certains outils proposent même un
accès d’urgence ou un
partage sécurisé entre collaborateurs.
Des outils collaboratifs certifiés
Utiliser des solutions validées sur le plan de la sécurité (comme celles conformes au RGPD ou certifiées ISO/IEC 27001) pour :
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stocker des documents,
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échanger avec vos partenaires ou clients,
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suivre l’avancement des chantiers.
Des solutions adaptées aux TPE/PME du bâtiment
Il existe aujourd’hui des offres spécifiques pour les petites structures, combinant plusieurs services :
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antivirus + sauvegarde en ligne,
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gestion des accès,
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support technique à distance,
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audit de sécurité simplifié.
Un prestataire informatique local ou votre expert-comptable peut vous orienter vers des solutions adaptées à votre budget et à votre activité.
Que faire en cas de cyberattaque ? Réagir vite pour limiter les dégâts
Même avec toutes les précautions, le risque zéro n’existe pas. En cas d’attaque, la réactivité est essentielle.
1. Isoler les systèmes touchés
Déconnectez immédiatement l’ordinateur ou le serveur infecté du réseau (Internet, Wi-Fi, câbles). Cela évite la propagation.
2. Prévenir les personnes et partenaires concernés
Alertez votre équipe, vos prestataires et, si nécessaire, vos clients. Mieux vaut être transparent que laisser circuler de fausses informations.
3. Déclarer l’incident
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À la CNIL (s’il y a fuite de données personnelles),
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À votre assurance (si vous avez une couverture cyber),
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À l’ANSSI ou aux autorités compétentes en cas d’attaque majeure.
4. Restaurer les données
Utilisez vos sauvegardes pour relancer votre activité. Ne payez jamais de rançon : cela ne garantit rien et finance les attaquants.
5. Tirer les leçons
Analysez la faille utilisée (mot de passe, pièce jointe, etc.) et renforcez vos procédures pour éviter qu’une attaque similaire ne se reproduise.
Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action.