Publié le 02/07/2025 - Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action
Pourquoi définir les missions du chargé de prévention ?
Dans le bâtiment, la prévention des risques professionnels ne peut se limiter à des consignes affichées dans un coin du bureau. Elle nécessite une véritable stratégie, construite autour d’un pilotage clair. C’est dans cette logique que s’inscrit la désignation d’un chargé de prévention.
Une exigence réglementaire
Le Code du travail impose à tout employeur d’assurer
la santé et la sécurité de ses salariés. Cela passe notamment par l’évaluation des risques, la mise en œuvre de mesures adaptées, et le suivi régulier de leur efficacité. Si le texte n’oblige pas explicitement à nommer un chargé de prévention, il devient de plus en plus difficile de s’en passer, notamment dans les entreprises du BTP où les risques sont multiples.
En cas d’accident, une entreprise incapable de démontrer qu’elle a mis en place une organisation claire de la prévention peut voir
sa responsabilité engagée. À l’inverse, désigner un référent identifié, dont les missions sont cadrées et suivies, permet de montrer une réelle démarche de maîtrise des risques.
Un outil de performance et d’organisation
Au-delà de l’aspect légal, définir les missions du chargé de prévention est un levier pour structurer l’organisation interne. Ce professionnel, qu’il s’agisse d’un salarié de l’entreprise ou d’un intervenant externe, devient un point d’ancrage pour toutes les questions liées à la sécurité. Cela
évite les flous de responsabilité, les doublons ou les oublis, et facilite les échanges entre les différents services ou intervenants.
Les missions du chargé de prévention peuvent ainsi couvrir :
-
l’analyse des risques liés aux postes et aux situations de travail,
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la participation à la rédaction ou à la mise à jour du DUERP,
-
l’animation de temps de sensibilisation ou de formations internes.
En centralisant ces actions, l’entreprise gagne en efficacité. Elle adopte une approche plus cohérente, mieux intégrée à ses processus, ce qui bénéficie à tous les niveaux hiérarchiques.
Une dynamique vertueuse pour l’ensemble de l’entreprise
Définir clairement les missions du chargé de prévention, c’est aussi donner de la lisibilité aux équipes. Les salariés savent à qui s’adresser, quels sont
les relais internes en cas de doute, et peuvent être davantage impliqués dans les démarches de sécurité.
Cette dynamique crée un climat de confiance, réduit les situations à risque et, à moyen terme, limite les arrêts de travail ou les incidents. Les bénéfices sont donc concrets, tant en matière de sécurité que de productivité.
Les missions typiques d’un chargé de prévention
Un chargé de prévention ne s’agit pas simplement d’un « référent sécurité » nommé pour la forme. Son rôle doit être concret, opérationnel, et adapté à l’activité de l’entreprise. Dans le bâtiment, cela implique d’être au plus près des réalités du terrain.
L’évaluation des risques : cœur de métier
La mission principale du chargé de prévention repose sur
l’identification et l’analyse des risques professionnels. Cela concerne aussi bien les risques physiques que chimiques, liés aux outils, aux matériaux, à l’organisation du travail ou aux conditions météo.
Il doit donc connaître parfaitement :
-
les postes de travail concernés,
-
les phases d’activité (préparation, exécution, fin de chantier),
-
les mesures de protection existantes ou à mettre en place.
Son rôle consiste ensuite à
prioriser les actions, en tenant compte de la gravité potentielle et de la fréquence d’exposition. Cette évaluation nourrit le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (
DUERP), qu’il peut être amené à rédiger ou actualiser.
Animation de la prévention au quotidien
Le chargé de prévention n’est pas qu’un technicien de la sécurité. Il doit aussi porter une dynamique collective. Il intervient dans l’animation des actions de prévention au sein de l’entreprise.
Cela peut prendre plusieurs formes :
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organisation de réunions d’information ou de sensibilisation,
-
participation à l’accueil sécurité des nouveaux arrivants,
-
suivi de la conformité des équipements ou des installations.
Un rôle d’interface entre les acteurs
Ce poste implique également de faire le lien entre l’entreprise et ses partenaires extérieurs : CARSAT, médecine du travail, inspection du travail, coordinateur SPS sur les chantiers. Il peut participer à
des visites de site, préparer des éléments pour des contrôles ou audits, voire gérer certains dossiers administratifs (déclarations d’accidents, analyse des causes…).
En interne, il doit être capable de
dialoguer avec la direction comme avec les opérateurs terrain. Cette position transversale nécessite des compétences relationnelles aussi importantes que les compétences techniques.
Enfin, les règles en matière de santé et sécurité évoluent. Le chargé de prévention doit rester informé des évolutions législatives, des bonnes pratiques du secteur, ou encore des nouvelles obligations (comme le registre des accidents bénins ou la traçabilité des expositions). Il peut aussi avoir un rôle de formateur ou de relais pour les campagnes de sensibilisation nationales (bruit, amiante, TMS…).
Comment adapter les missions en fonction du type d’entreprise ?
Toutes les entreprises du bâtiment ne disposent pas des mêmes ressources, ni des mêmes contraintes organisationnelles. La définition des missions du chargé de prévention doit donc s’ajuster en fonction du contexte.
TPE et petites structures : des solutions souples à trouver
Dans les très petites entreprises, le chef d’entreprise est souvent
chargé de tout, y compris de la sécurité. Il est rare qu’un poste spécifique de chargé de prévention soit créé. Pour autant, cela ne signifie pas que cette mission peut être négligée. Elle peut être assurée par une personne désignée
parmi les salariés, voire par un intervenant extérieur.
La mutualisation est une solution fréquente. Certaines fédérations professionnelles, organismes de prévention ou services de santé au travail proposent des prestations d’accompagnement sur-mesure pour les TPE. Cela permet de bénéficier d’un appui technique sans avoir à embaucher.
PME : vers une fonction plus formalisée
Dans les PME, notamment celles qui dépassent une cinquantaine de salariés ou qui gèrent plusieurs chantiers simultanément, la prévention devient un poste stratégique. Le chargé de prévention peut être intégré au
service QSE (Qualité, Sécurité, Environnement), s’il existe, ou rattaché à la direction des travaux.
Ses missions sont souvent élargies : audits internes, indicateurs de sécurité, coordination avec les sous-traitants, gestion des équipements de protection collective… À ce stade, il est nécessaire de formaliser son rôle par
une fiche de poste claire et un périmètre d’intervention bien défini.
Grandes entreprises : une organisation dédiée
Dans les grands groupes, la prévention est structurée en services complets, avec plusieurs chargés de prévention répartis selon les pôles, les zones géographiques ou les typologies de chantiers. Chacun a
des missions précises, parfois spécialisées (analyse des accidents, formation, innovation en matière de sécurité…).
Le dialogue avec les coordinateurs SPS devient également plus fréquent, notamment sur les chantiers soumis à des obligations réglementaires fortes (chantiers de grande ampleur, coactivité importante, risques spécifiques). Le rôle du chargé de prévention s’inscrit alors dans un système global de management de la sécurité.
Les outils pour formaliser les missions du chargé de prévention
L’outil le plus courant est
la fiche de poste, qui décrit les missions confiées, le périmètre d’intervention, le lien hiérarchique, ainsi que les objectifs attendus. Elle sert de référence pour l’évaluation du travail réalisé et sécurise la relation employeur-salarié.
On peut y ajouter
une lettre de mission ou une désignation écrite, précisant la durée de la mission, les responsabilités confiées et les moyens mis à disposition (temps dédié, matériel, formations…). Ce document est particulièrement utile dans les petites structures où la fonction est partagée ou exercée ponctuellement.
Le
DUERP (document unique) reste un support central : il permet de lister les risques identifiés, les actions prévues, et de suivre leur mise en œuvre. Le chargé de prévention peut y inscrire son action, renforçant ainsi la traçabilité.
Enfin, intégrer cette mission dans les procédures internes (plan de prévention, accueil sécurité, audits…) favorise son ancrage au quotidien et évite qu’elle ne reste théorique.
Quels bénéfices concrets pour l’entreprise ?
Définir clairement les missions du chargé de prévention ne relève pas uniquement d’une démarche réglementaire ou administrative. C’est un véritable investissement pour l’entreprise, avec des retombées tangibles sur le plan humain, économique et organisationnel.
Le premier avantage est bien sûr
la réduction des accidents du travail. En anticipant les risques, en sensibilisant les équipes et en mettant en place des mesures adaptées, l’entreprise limite les incidents, les arrêts de travail, et les coûts associés (indemnisations, pertes de productivité, remplacements…).
À cela s’ajoute
une meilleure image de l’entreprise, notamment lors des appels d’offres ou des audits clients. Une organisation qui démontre sa maîtrise des enjeux de sécurité gagne en crédibilité, en sérieux et en attractivité, aussi bien auprès des donneurs d’ordre que des futurs salariés.
En interne, la mise en place d’une démarche structurée favorise
un climat social plus serein. Les salariés se sentent écoutés, protégés, et davantage impliqués dans la vie de l’entreprise. Cela crée un cercle vertueux : plus d’engagement, moins d’absentéisme, plus de stabilité.
Enfin, c’est une
assurance en cas de contrôle. Pouvoir présenter des documents à jour, une personne clairement identifiée, et un suivi rigoureux permet de limiter les sanctions, voire d’éviter des contentieux.
Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action.