Publié le 19/11/2025 - Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action
Pourquoi la mise à jour des habilitations devient incontournable en 2026 ?
En 2026, les artisans du bâtiment ne pourront plus se contenter d’exercer « comme avant ». La multiplication des normes de sécurité, la montée en puissance des exigences environnementales et le renforcement des contrôles transforment le cadre d’exercice du métier.
Ce qui relevait hier du bon sens professionnel devient désormais une obligation vérifiable et sanctionnable. Les autorités, les maîtres d’ouvrage et les assurances exigent des preuves tangibles : habilitations, attestations de formation, certificats à jour.
Autrement dit, tenir ses compétences à jour n’est plus un simple atout, c’est une condition d’accès aux chantiers. Et les nouvelles échéances de 2026 marquent un virage qu’aucun artisan ne peut ignorer.
Des exigences renforcées en matière de sécurité et d’environnement
Depuis plusieurs années, le Code du travail (articles R.4544-9 et suivants) impose une habilitation pour toute personne réalisant des opérations sur ou à proximité d’installations électriques. La norme
NF C 18-510 sert de référence : elle précise les niveaux d’habilitation (B0, H0V, B1V, BR, BC, etc.) selon le type d’intervention et le degré d’exposition au risque.
Mais cette exigence n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les pouvoirs publics étendent désormais cette logique à
tous les domaines sensibles du bâtiment :
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amiante,
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travail en hauteur,
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fluides frigorigènes,
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conduite d’engins, etc.
À cela s’ajoute une évolution majeure : l’intégration de la dimension environnementale. Avec la
REP Bâtiment (Responsabilité Élargie du Producteur) et la montée en puissance de la
RE 2020, les artisans doivent aussi prouver qu’ils maîtrisent la gestion des déchets, la traçabilité des matériaux ou la performance énergétique des équipements.
En clair, la sécurité et la durabilité forment désormais un
socle commun de compétences obligatoires, vérifié par la formation.
Une responsabilité accrue et des contrôles plus fréquents
Les contrôles sur chantier se sont intensifiés, en particulier depuis la mise en œuvre des plans de prévention et la vigilance accrue des maîtres d’ouvrage.
Pour les artisans, cela signifie que chaque manquement peut avoir des conséquences immédiates. Les organismes comme la
DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) ou l’
Inspection du travail disposent de pouvoirs de vérification. Ils peuvent exiger la présentation des habilitations, certificats ou attestations, y compris pour les intérimaires et sous-traitants.
Et au-delà du contrôle, la responsabilité civile et pénale du chef d’entreprise est directement engagée. En cas d’accident du travail, l’absence de formation ou d’habilitation valide peut être considérée comme une
faute inexcusable de l’employeur.
Les risques concrets en cas de non-mise à jour
Oublier ou repousser la mise à jour de ses habilitations n’est pas anodin.
Les risques sont multiples :
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Sanctions légales : amendes administratives, suspension d’activité ou poursuites pénales.
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Sanctions économiques : refus de couverture par l’assurance, perte d’un marché, ou interruption de travaux.
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Sanctions commerciales : une entreprise non à jour peut être écartée d’un appel d’offres ou d’une certification qualité (Qualibat, RGE…).
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Perte de crédibilité : dans un secteur où la confiance repose sur la compétence, une habilitation périmée peut entacher durablement la réputation.
Ainsi, la mise à jour des formations et habilitations ne doit plus être vue comme une charge administrative, mais comme un investissement dans la pérennité de l’entreprise et la sécurité de ses équipes.
Les habilitations à renouveler ou actualiser avant fin 2026
Avant la fin de l’année 2026, la plupart des certifications et habilitations des métiers du bâtiment devront avoir été
recyclées ou vérifiées. Ce calendrier s’explique par la convergence de plusieurs réformes : refonte des normes électriques, renouvellement obligatoire des CACES, durcissement des formations liées à l’amiante et à la sécurité au travail.
Voici un panorama des principales habilitations à maintenir à jour pour travailler en toute conformité.
L’habilitation électrique – NF C 18-510
C’est l’une des plus répandues sur les chantiers. Elle concerne toute personne réalisant une opération sur ou à proximité d’une installation électrique, qu’il s’agisse d’entretien, de raccordement, de dépannage ou de vérification.
L’habilitation repose sur deux volets :
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la formation théorique
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la reconnaissance par l’employeur
Sa durée de validité est de
trois ans en moyenne, au-delà de laquelle un
recyclage est obligatoire.
Depuis 2024, la norme a été partiellement mise à jour pour intégrer davantage la prévention des risques liés aux équipements de chantier temporaires et aux alimentations mobiles.
Ne pas renouveler cette habilitation expose l’entreprise à un
risque de faute inexcusable en cas d’accident d’origine électrique.
Les CACES et autorisations de conduite
Les Certificats d’Aptitude à la Conduite En Sécurité (CACES) sont obligatoires pour les opérateurs utilisant des engins de levage, de terrassement ou de manutention.
Les principales catégories concernent :
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R482 : engins de chantier (pelles, chargeuses, bulldozers…)
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R489 : chariots automoteurs de manutention
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R486 : plateformes élévatrices mobiles de personnel (PEMP)
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R490 : grues auxiliaires de chargement
Chaque CACES a une
validité de 5 ans (10 ans pour les grues à tour), et le recyclage doit être anticipé.
À compter de 2026, les contrôles croisés entre l’employeur et les organismes de formation deviendront systématiques et un conducteur sans certificat valide pourra se voir refuser l’accès à un chantier.
À noter que l’autorisation de conduite, délivrée par l’employeur, reste obligatoire
en complément du CACES, après vérification médicale et pratique.
Habilitation travail en hauteur et échafaudages
Les chantiers en élévation imposent une formation spécifique encadrée par la
Recommandation R408 de la CNAM. Elle concerne :
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Le montage, démontage et utilisation d’échafaudages roulants ou fixes,
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Le port du harnais de sécurité et les dispositifs d’ancrage,
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La vérification et le balisage des zones à risque.
Cette formation, valable
5 ans, doit être renouvelée dès qu’un salarié change de poste ou après une interruption prolongée d’activité.
En 2026, la CNAM prévoit une
harmonisation des modules de formation pour mieux encadrer la sous-traitance et limiter les accidents liés aux chutes, encore première cause de mortalité dans le BTP.
Formation amiante sous-section 4 (SS4)
Toute entreprise intervenant sur des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante doit disposer de salariés formés conformément à l’arrêté du
23 février 2012.
Les formations SS4 sont valables :
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3 ans pour les encadrants et opérateurs,
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avec un recyclage obligatoire avant la date d’échéance.
Les contrôles de l’Inspection du travail se sont multipliés depuis 2023, notamment sur les chantiers de rénovation énergétique. Les artisans non formés s’exposent à une
interdiction d’intervention immédiate et à des amendes pouvant atteindre 10 000 €.
Cette mise à jour est d’autant plus importante que les repérages amiante avant travaux (RAAT) sont désormais obligatoires pour tous les
bâtiments antérieurs à 1997.
Recyclage SST (Sauveteur Secouriste du Travail)
La formation SST n’est pas toujours perçue comme prioritaire, pourtant elle devient un
critère de conformité dans de nombreux marchés publics et chantiers privés.
Tout chantier doit compter
au moins un salarié formé au secourisme capable d’intervenir en cas d’accident.
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La validité du certificat SST est de 24 mois ;
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Le recyclage (dit MAC : maintien et actualisation des compétences) doit être réalisé avant cette échéance.
Cette obligation s’inscrit dans la politique de prévention du risque professionnel (articles L.4121-1 et suivants du Code du travail).
En 2026, la CNAM prévoit d’intégrer un module « secours en environnement électrique et thermique », notamment pour les artisans intervenant sur des PAC ou des installations photovoltaïques.
Les formations techniques et environnementales désormais obligatoires
Au-delà des habilitations de sécurité, 2026 consacre l’essor des formations liées à la performance énergétique et à la traçabilité environnementale. Ces exigences répondent à deux dynamiques que sont la montée en puissance de la
RE 2020 et l’application intégrale de la
REP Bâtiment (Responsabilité Élargie du Producteur).
Les artisans doivent ainsi prouver leur compétence technique autant que leur respect des nouvelles normes environnementales.
Certification F-Gaz et compétences froid / climatisation
Tout professionnel manipulant des fluides frigorigènes (PAC, climatisation, chambres froides, etc.) doit détenir une
attestation de capacité F-Gaz, délivrée par un organisme agréé (comme Bureau Veritas ou Qualiclimafroid).
Cette certification est valable
5 ans et son
renouvellement est obligatoire pour continuer à acheter et manipuler des gaz fluorés.
Les contrôles se sont renforcés depuis le décret du 17 février 2024 sur la traçabilité des interventions et la déclaration numérique obligatoire des quantités de fluide récupérées ou ajoutées.
Formation REP Bâtiment et gestion des déchets
Depuis 2023, les entreprises doivent assurer la traçabilité des déchets de chantier via la filière REP Bâtiment pilotée par Valobat, Ecomaison ou Ecominéro.
En 2026, cette obligation s’étend à
tous les acteurs du second œuvre (plombiers, peintres, menuisiers, électriciens…).
Une
formation courte (1 jour) suffit pour comprendre les obligations : tri à la source, dépôt en points agréés, attestations de reprise, et gestion administrative via la plateforme Trackdéchets.
Cette montée en compétence devient un pré-requis à la conformité environnementale de l’entreprise.
Qualification RGE et maîtrise de la RE 2020
Les professionnels intervenant en rénovation énergétique ou en construction neuve doivent maintenir à jour leur
qualification RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).
Cette qualification, valable
4 ans, conditionne l’accès aux aides publiques (MaPrimeRénov’, CEE, éco-PTZ).
En 2026, le référentiel RGE intégrera des critères renforcés :
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contrôle sur chantier,
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suivi des consommations réelles,
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intégration de modules sur la RE 2020.
Les entreprises non renouvelées perdront l’accès à ces marchés subventionnés et verront leur visibilité commerciale fortement réduite.
Ventilation, pompes à chaleur et nouvelles technologies
Les systèmes de ventilation double flux, PAC hybrides et climatisations à haut rendement exigent désormais des compétences spécifiques : équilibrage des débits, réglages électroniques, et entretien préventif.
Des formations modulaires de courte durée (1 à 2 jours) sont proposées par l’AFPA ou le CNFCE pour répondre à ces besoins.
Ces qualifications techniques, bien que non obligatoires, deviennent
quasi indispensables pour répondre aux exigences de performance des maîtres d’ouvrage et pour éviter les litiges liés à la garantie de résultat énergétique.
Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action.