Publié le 14/05/2025 - Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action
Rappel : qu’est-ce que la norme NF C 15-100 ?
La norme
NF C 15-100 est le document de référence qui encadre les
installations électriques basse tension en France. Elle définit les règles de conception, de mise en œuvre et d’entretien des installations dans les bâtiments d’habitation, tertiaires, industriels et agricoles. Son objectif est double :
garantir la sécurité des personnes et des biens, et
assurer le bon fonctionnement des équipements électriques.
Depuis sa création, la norme a évolué pour suivre les usages et intégrer les progrès techniques. Elle est désormais structurée en
plusieurs parties (21 normes distinctes) qui couvrent à la fois les exigences générales (NF C 15-100-1) et les cas particuliers comme :
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Les locaux contenant une baignoire ou une douche (NF C 15-100-7-701),
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Les installations de recharge pour véhicules électriques (NF C 15-100-7-722),
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L’efficacité énergétique (NF C 15-100-8-1),
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Ou encore les installations dans les bâtiments d’habitation (NF C 15-100-10).
La dernière révision, publiée le
23 août 2024, prévoit une période de recouvrement jusqu’en août 2025. Elle introduit plusieurs ajustements notables, avec une volonté claire : simplifier l’usage de la norme pour les professionnels, tout en assurant une mise à jour plus rapide et ciblée en fonction des évolutions techniques et réglementaires.
Les principaux objectifs de la norme sont de :
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Prévenir les risques électriques (électrisation, incendie, surtensions),
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Garantir une répartition efficace et évolutive de l’énergie,
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Intégrer les besoins actuels : domotique, numérique, mobilité électrique.
Parmi les dernières évolutions à connaître :
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Généralisation de la protection différentielle 30mA dès le départ des circuits,
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Exigences précises sur les volumes de protection dans les pièces d’eau,
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Introduction d’interrupteurs différentiels de type A ou F selon les équipements,
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Intégration du réseau de communication et du pilotage énergétique (RE2020),
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Obligations spécifiques pour les bornes de recharge de véhicules électriques (IRVE).
Rénovation électrique : cadre réglementaire et enjeux
Lors d’un chantier de rénovation, le professionnel ne peut ignorer les obligations liées à la sécurité électrique. La norme
NF C 15-100 s’applique à toutes les installations neuves mais également aux rénovations
complètes. Pour une
rénovation partielle, c’est principalement la mise en sécurité qui est exigée, avec certains points de conformité obligatoires.
Distinction entre rénovation partielle et complète
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Une rénovation complète d’installation impose une mise aux normes NF C 15-100 en intégralité : tableau, circuits, protections, mise à la terre, etc.
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En rénovation partielle, seules les parties modifiées doivent être conformes à la norme actuelle, mais la sécurité globale de l’installation doit être assurée. Cela signifie notamment :
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Présence d’un dispositif de coupure générale facilement accessible
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Au moins un dispositif différentiel 30 mA en tête d’installation
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Protection adaptée contre les surintensités
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Liaison équipotentielle dans les pièces d’eau
Le diagnostic électrique obligatoire (DEO), exigé lors de la vente ou de la location d’un bien de plus de 15 ans, vérifie justement ces critères essentiels de sécurité.
Obligations réglementaires et responsabilités
La norme ne se limite pas à une simple recommandation : elle est
juridiquement opposable en cas de sinistre ou d’accident électrique. En rénovation, les travaux doivent donc être :
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Conformes aux règles de sécurité
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Adaptés à l’usage prévu des locaux
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Et, dans certains cas, validés par le Consuel (ex. : modification importante du tableau, création de circuits).
Le professionnel
engage sa responsabilité en cas de manquement, notamment s’il y a blessure ou dommage causé par une installation non conforme.
Enjeux pour les professionnels du bâtiment
Le respect strict de la norme NF C 15-100 représente plusieurs enjeux importants pour les professionnels du BTP :
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Sécurité des occupants : priorité absolue, en particulier dans les logements anciens.
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Qualité de service : une installation fiable et aux normes renforce la satisfaction client.
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Image et conformité : respecter la NF C 15-100, c’est aussi éviter les litiges, les contre-visites du Consuel et les sinistres assurantiels.
Les points de vigilance techniques à respecter selon la norme
Lors d’un chantier de rénovation, même partielle, certains points techniques doivent faire l’objet d’une attention particulière. Ces éléments assurent la sécurité de l’installation et permettent de répondre aux exigences minimales de la norme NF C 15-100, notamment dans sa version révisée d’août 2024.
Mise à la terre et liaisons équipotentielles
La
mise à la terre reste un pilier de la sécurité électrique. Toutes les
masses métalliques du bâtiment doivent y être raccordées via des conducteurs de protection vert/jaune. Cela inclut : huisseries métalliques, canalisations, appareils sanitaires au sol, armatures de béton, etc.
En rénovation, il est essentiel de :
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Vérifier la valeur de la terre (idéalement < 100 ohms, max 166 ohms pour une protection 30 mA),
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Privilégier une boucle à fond de fouille plutôt qu’un simple piquet,
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Contrôler ou créer une liaison équipotentielle locale dans les pièces d’eau (volume 2 inclus).
Protection différentielle : seuils et types
Depuis la révision de 2024, tout logement doit comporter
au moins deux interrupteurs différentiels 30 mA, dont un
de type A, capables de détecter les défauts en courant continu résiduel.
Les types sont à adapter selon les circuits :
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Type A : plaques de cuisson, lave-linge, IRVE, pompes à chaleur…
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Type AC : prises, lumières, équipements courants.
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Type F ou B : équipements spécifiques (électroménager moderne, bornes triphasées).
Ces dispositifs doivent être répartis de façon à garantir la
continuité de service, même en cas de défaut sur une ligne.
Protection contre les surintensités
Tous les circuits doivent être protégés contre les
surcharges et courts-circuits, via des
disjoncteurs divisionnaires. Les coupe-circuits sont désormais interdits.
Quelques rappels importants :
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Lumières : 1,5 mm² max 16 A – 8 points par circuit
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Prises : 2,5 mm² max 20 A – 12 prises max
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Circuits spécialisés (four, chauffe-eau, IRVE…) : 1 appareil = 1 circuit dédié
Répartition des circuits et repérage
Chaque circuit doit être clairement
identifié au tableau, avec une correspondance fidèle au
schéma d’installation fourni au client.
En rénovation, cela implique souvent de :
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Repenser la répartition des charges (surtout si ajout de domotique ou IRVE),
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Ajouter de la réserve au tableau pour les extensions futures,
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Respecter un nombre maximal de 8 circuits par différentiel.
Nombre minimal de points d’éclairage et de prises
Même en rénovation, la norme impose un minimum d’équipements par pièce :
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Séjour >28 m² : au moins 7 prises 2P+T
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Cuisine >4 m² : 6 prises, dont 4 au-dessus du plan de travail
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Salle de bains (hors volume 0 et 1) : éclairage avec IPX4 obligatoire
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Au moins 2 circuits d’éclairage par logement (1 seul admis pour studio/T1)
En cas de rénovation partielle, ces exigences doivent guider les compléments ou modifications à prévoir pour assurer la sécurité et la praticité de l’installation.
Particularités de la norme en rénovation
Contrairement au neuf, les chantiers de rénovation présentent une réalité souvent plus complexe : installations anciennes, accès limités, contraintes de budget ou d’esthétique. La norme
NF C 15-100 prend en compte ces spécificités et prévoit certaines tolérances, tout en maintenant des exigences minimales de sécurité.
Tolérances sur l’existant
En rénovation partielle, il n’est pas toujours obligatoire de remettre l’ensemble de l’installation aux normes actuelles. Cependant, les éléments
modifiés ou créés doivent l’être selon la norme en vigueur.
Il est donc indispensable de :
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Conserver les circuits non touchés s’ils ne présentent pas de danger immédiat,
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Remettre en sécurité les parties anciennes si elles sont dangereuses ou vétustes (prise sans terre, appareillage cassé…),
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Respecter les volumes dans les pièces d’eau, même si seule une prise est ajoutée.
Travaux en site occupé : vigilance renforcée
En présence d’occupants (logement habité, local d’activité), le professionnel doit :
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Limiter les coupures d’alimentation,
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Protéger les occupants contre tout contact accidentel,
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S’assurer que les liaisons à la terre et les protections différentielles sont opérationnelles à chaque étape.
Une rénovation bien menée respecte l’équilibre entre mise aux normes, sécurité immédiate, et adaptation au contexte réel du chantier.
Zoom sur les pièces sensibles : cuisine, salle de bains, extérieur
Certaines zones du logement imposent des
exigences de sécurité renforcées du fait de leur usage intensif ou de leur proximité avec l’eau. En rénovation, ces pièces font souvent l’objet de non-conformités relevées lors des diagnostics. Il est donc essentiel de bien maîtriser les prescriptions de la norme NF C 15-100 pour éviter les erreurs.
Salle de bains : volumes et protections adaptées
La salle de bains est encadrée par la norme
NF C 15-100-7-701, qui définit plusieurs
volumes de protection (0, 1, 2) autour des appareils sanitaires :
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Volume 0 : espace intérieur de la baignoire ou du receveur de douche. Aucun appareil électrique n’est autorisé.
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Volume 1 : au-dessus du volume 0, jusqu’à 2,25 m de hauteur. Seules les alimentations en TBTS ≤ 12 V avec transformateur placé hors volume sont admises.
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Volume 2 : jusqu’à 60 cm autour de la baignoire ou douche. Éclairage IPX4 ou supérieur autorisé, prises interdites, sauf modèle rasoir avec transfo.
En rénovation, si l’agencement change (douche remplacée, déplacement de lavabo…), une
révision des volumes est souvent nécessaire.
Autres règles à respecter :
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Interrupteur différentiel 30 mA obligatoire pour les circuits concernés,
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Liaison équipotentielle locale pour les canalisations, structures métalliques, et appareils sanitaires reliés à la terre.
Cuisine : circuits spécialisés et implantation
La cuisine concentre un grand nombre d’appareils puissants, ce qui impose une distribution rigoureuse des circuits :
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Plaques de cuisson : circuit 6 mm² – disjoncteur 32 A,
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Four, lave-vaisselle, réfrigérateur, lave-linge : chacun sur un circuit dédié (2,5 mm² – 20 A),
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Petits appareils électroménagers : au moins 6 prises 2P+T, dont 4 au-dessus du plan de travail, protégées par un circuit 20 A en 2,5 mm².
Toutes les prises doivent être équipées de broches de terre et être raccordées à l’équipotentielle du logement.
À noter : en rénovation, l’extension d’un circuit existant non conforme est interdite. Si le circuit est sous-dimensionné, il doit être remplacé.
Extérieurs : équipements étanches et protections renforcées
Les circuits extérieurs (jardin, garage, abris…) sont soumis à des conditions spécifiques :
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Matériel étanche avec indice de protection IP44 minimum (IP55 recommandé),
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Protection par différentiel 30 mA obligatoire,
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Pose en gaine adaptée pour les câbles en apparent ou enterrés (profondeur minimale de 50 cm en tranchée),
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Prises extérieures souvent à prévoir sur un circuit dédié pour faciliter la maintenance ou les extensions futures.
En rénovation, ces installations sont parfois anciennes et sous-dimensionnées : il est fortement recommandé de les remettre à niveau en cas de doute, notamment pour éviter les risques d’électrocution liés à l’humidité.
Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action.