Publié le 27/05/2025 - Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action
Comprendre les notions de base : acomptes, arrhes et paiements échelonnés
Pour structurer efficacement les paiements d’un chantier, il est essentiel de distinguer clairement acompte, arrhes et paiement échelonné.
Acompte ou arrhes : attention à la formulation
L’acompte engage définitivement les deux parties. Il constitue un premier versement sur le prix total du chantier et confirme l’accord. En cas de désistement, l’une ou l’autre partie peut être tenue responsable.
Les arrhes, en revanche, laissent
la possibilité de se rétracter : le client les perd s’il annule, l’entreprise les restitue au double si elle se désiste (article L214-1 du Code de la consommation).
En pratique, mieux vaut toujours indiquer qu’il s’agit d’un acompte sur le devis ou le contrat, pour éviter les malentendus ou les désistements unilatéraux.
Le principe des paiements échelonnés
Le paiement échelonné consiste à
répartir le règlement du chantier en plusieurs versements liés à l’avancement des travaux.
Ce système :
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facilite la gestion de trésorerie,
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limite les risques d’impayés,
-
instaure une relation de confiance avec le client.
Il n’est pas encadré par un calendrier légal strict (sauf marchés publics), mais doit être
clairement défini dans le contrat.
Un cadre contractuel à respecter
Le Code civil (article 1103) rappelle que les engagements contractuels font loi entre les parties.
Un devis ou un contrat signé avec des modalités de règlement précises doit donc être suivi à la lettre.
En cas de litige, c’est ce document qui fera foi.
Encadrer les paiements dès le devis ou le contrat
Une gestion efficace des paiements commence dès la phase de contractualisation. Le devis ou le contrat signé par le client doit poser un cadre clair et juridiquement solide pour éviter tout malentendu ultérieur.
Mentions indispensables
Le devis ou contrat doit préciser :
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le montant total TTC,
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le montant de l’acompte demandé à la commande,
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les modalités d’échelonnement (pourcentage ou somme, dates ou étapes clés),
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les délais de paiement pour chaque tranche,
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les pénalités de retard (obligatoires pour les professionnels),
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et, le cas échéant, une clause suspensive (autorisation de prêt, obtention de permis…).
Ces éléments renforcent la transparence et facilitent le recouvrement en cas de non-respect.
Calendrier de paiement : une stratégie à adapter
Il est conseillé de définir un
échelonnement par phases du chantier, par exemple :
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30 % à la commande (acompte),
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40 % en cours de travaux (mi-chantier),
-
30 % à la réception.
Ce découpage peut varier selon la durée et la complexité du chantier. Pour les interventions courtes, un simple acompte suivi du solde peut suffire. Pour les chantiers longs ou complexes, on peut prévoir plus d’étapes intermédiaires.
Travaux spécifiques et marchés particuliers
Certaines situations exigent un formalisme renforcé :
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En rénovation énergétique, des règles spécifiques s’appliquent (ex. : interdiction d’exiger un acompte avant la fin du délai de rétractation pour les ventes à domicile).
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Dans les marchés publics, le paiement suit un calendrier réglementé, souvent avec des délais d’attente plus longs.
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En copropriété, les décisions d’engagement doivent être validées en assemblée, avec des règles propres aux appels de fonds.
Sécuriser les acomptes avant le démarrage du chantier
Le versement d’un acompte avant le début des travaux est une étape clé pour sécuriser la relation contractuelle et protéger la trésorerie de l’entreprise. Encore faut-il bien en fixer le montant et en assurer la traçabilité.
Quel montant demander ?
Dans le bâtiment, il est d’usage de demander un acompte équivalent à
20 à 40 % du montant total des travaux.
Ce pourcentage varie en fonction :
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de la taille du chantier,
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de la durée prévue,
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des achats nécessaires avant lancement.
Il n’existe pas de plafond légal en matière d’acompte, sauf cas spécifiques. En revanche, la somme demandée doit rester proportionnée et clairement justifiée.
Formalisme et précautions
L’acompte doit être expressément mentionné dans le devis ou le contrat, avec la date d’échéance. À la réception du règlement,
une facture d’acompte doit être remise au client, avec le détail du montant versé.
L’encaissement ne doit pas être différé. Il confirme l’engagement et permet de planifier sereinement le démarrage des travaux. En cas de non-paiement de l’acompte, il est vivement
déconseillé de commencer le chantier.
Suivi administratif rigoureux
Chaque acompte reçu doit être
enregistré dans la comptabilité et associé au dossier client. Il est également important de prévoir un suivi régulier des règlements, avec des relances dès le moindre retard. Un bon suivi administratif réduit considérablement le risque d’impayé et de conflit.
Gérer les paiements intermédiaires pendant le chantier
Sur les chantiers de moyenne ou longue durée, prévoir des paiements intermédiaires est indispensable pour
équilibrer la trésorerie de l’entreprise. Ces versements doivent être pensés en lien direct avec l’avancement des travaux. Il est préférable d’éviter des échéances figées dans le temps, qui peuvent ne pas refléter la réalité du chantier, et de privilégier
un découpage en étapes concrètes. Par exemple :
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fin du gros œuvre,
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mise hors d’eau,
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installation des cloisons.
Ces jalons doivent être définis dès la signature du contrat, avec un montant prévu pour chaque tranche.
À mesure que les étapes sont atteintes,
une facture correspondante est émise. Même si la loi ne l’impose pas, il est conseillé de justifier l’avancement par des éléments simples : photos, compte-rendu d’étape ou validation écrite du client. Cela améliore la transparence et réduit les risques de litige. Dans les projets importants, un procès-verbal de situation signé entre les deux parties peut également formaliser le bon déroulement du chantier.
Enfin, une gestion efficace de ces paiements repose sur
un suivi administratif rigoureux. Planning, tableau d’échéances, relances ponctuelles en cas de retard : autant d’outils simples mais essentiels pour éviter les blocages financiers. Réagir rapidement en cas de non-paiement d’une tranche permet de préserver la dynamique du chantier et la relation client.
Encaisser le solde final sans difficulté
La dernière étape du chantier, celle du règlement du solde, peut parfois s’avérer délicate si elle n’est pas bien préparée. Pourtant, c’est une phase clé pour finaliser le projet dans de bonnes conditions, tant sur le plan technique que financier. Le solde est généralement
exigible à la réception des travaux, moment qui marque la fin officielle du chantier. Il est donc essentiel d’organiser cette réception avec soin, en présence du client, et de consigner les éventuelles réserves par écrit dans un procès-verbal.
Avant d’émettre la facture finale, il est recommandé de s’assurer que toutes les prestations prévues ont été exécutées conformément au contrat. La remise des
documents de fin de chantier peut également être exigée par le client avant de procéder au paiement :
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factures détaillées,
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attestation d’assurance,
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notice d’entretien,
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dossier des ouvrages exécutés (DOE).
Ces pièces sont souvent obligatoires dans le cadre de marchés publics ou de projets réglementés, mais leur transmission peut aussi renforcer la confiance dans les marchés privés.
Anticiper les litiges et impayés : prévention et réaction
Malgré toutes les précautions prises, les retards de paiement ou les impayés peuvent survenir. Il est donc essentiel de prévoir une stratégie de gestion en amont pour limiter leur impact sur la trésorerie et éviter les procédures longues et coûteuses.
La première règle est de
réagir rapidement dès qu’un retard est constaté, même minime. Plus l’attente s’installe, plus le recouvrement devient incertain. Une relance téléphonique ou par e-mail dans les jours qui suivent l’échéance suffit souvent à débloquer la situation, surtout en cas d’oubli ou de négligence.
Si le retard persiste, il convient d’envoyer un
rappel écrit puis, en l’absence de réponse, une
mise en demeure formelle. Celle-ci doit mentionner clairement la somme due, le fondement contractuel de la créance (devis signé, facture) et le délai pour régulariser. Ce courrier interrompt la prescription et constitue une étape préalable obligatoire à toute action judiciaire.
Voici quelques pratiques à intégrer pour mieux se prémunir contre les impayés :
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Insérer des pénalités de retard dans tous les contrats : elles sont exigées par la loi entre professionnels et peuvent être librement fixées dans les marchés avec des particuliers.
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Conditionner la poursuite du chantier ou la remise des documents finaux au règlement des sommes dues, si cela est prévu contractuellement.
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Recourir à une assurance de type “garantie de paiement” pour les chantiers à forts montants ou à risque.
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Mettre en place un suivi régulier des règlements, avec un tableau de bord simple ou un logiciel de gestion.
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Faire appel, en dernier recours, à un professionnel du recouvrement (huissier, avocat ou société spécialisée) pour les créances persistantes.
Enfin, il ne faut pas hésiter à
suspendre le chantier si le contrat le permet et que la situation l’exige. La jurisprudence reconnaît ce droit à condition que la suspension soit motivée, proportionnée et notifiée dans les formes.
Outils et solutions pour automatiser la gestion des paiements
L’automatisation de la gestion des paiements est devenue un levier stratégique pour les professionnels du bâtiment. En fluidifiant les processus administratifs, ces outils permettent de gagner du temps, d’améliorer le suivi et de réduire les risques d’erreur ou d’oubli.
Aujourd’hui, de nombreuses solutions existent, adaptées aux besoins et à la taille de chaque entreprise. Elles intègrent généralement des fonctions comme l’émission de devis et de factures, la planification des échéances, l’envoi automatique de rappels, voire l’encaissement en ligne.
Parmi les solutions les plus utilisées :
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Les logiciels de gestion métier : ils centralisent les documents du chantier, génèrent les factures automatiquement à chaque étape prévue, et facilitent les relances clients.
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Les outils de facturation en ligne: souvent plus simples à prendre en main, ils conviennent bien aux artisans ou petites structures. Certains proposent le paiement par carte ou virement en un clic.
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Les plateformes de paiement intégrées : elles permettent de proposer au client un règlement immédiat à réception de la facture, avec un suivi en temps réel.
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Les alertes et rappels automatisés : ces fonctions, souvent intégrées aux outils précédents, permettent de programmer l’envoi d’un e-mail ou SMS dès qu’une échéance approche ou qu’un retard est constaté.
Le choix de l’outil dépend du volume d’activité, du budget, mais aussi du degré de digitalisation de l’entreprise. Il ne s’agit pas de tout automatiser, mais d’adopter des outils qui simplifient le quotidien sans alourdir les procédures. Bien paramétrés, ces systèmes permettent aussi de professionnaliser la relation client, en offrant plus de clarté, de rigueur et de réactivité.
Article rédigé pour Batiactu par Rai d'Action.